Par choix ou par contrainte, un nombre incalculable de travailleurs de différents secteurs ont dû changer de carrière en pleine pandémie de COVID-19.
Bien évidemment, les chercheurs d’emploi doivent composer avec le chaos économique semé par la pandémie. Or, ceux quicherchent à entamer une nouvelle carrière n’ont pas toujours besoin d’obtenir une formation supplémentaire pour devenir employables dans un tout autre domaine.
Un nombre croissant de microcertifications (c’est-à-dire, des programmes de formation de courte durée axés sur l’acquisition de compétences ciblées pour des postes en demande) permettent aux travailleurs qui doivent se recycler de suivre des cours accélérés pour les aider à se réorienter rapidement et à trouver de nouvelles possibilités d’emploi, souvent dans des domaines qui ont peu ou pas de lien direct avec leur emploi précédent ou qui ne se rattachent pas à leur diplôme d’études postsecondaires.
Karin Deane est superviseure de la formation et de l’évaluation dans le domaine du développement de la main-d’œuvre chez WoodGreen Community Services à Toronto. À l’été 2020, WoodGreen s’est associée à Lighthouse Labs pour offrir aux chercheurs d’emploi une microcertification en développement Web et en analyse de données, ainsi que du perfectionnement des compétences générales. À son avis, ce type de programme à court terme « joue un grand rôle » dans la vie des personnes qui poursuivent une nouvelle carrière.
« Par le passé, le monde du travail s’articulait autour des diplômes », explique Mme Deane. « Aujourd’hui, de nombreuses organisations, notamment dans le domaine de la technologie, recherchent simplement de la main-d’œuvre qualifiée. Ce changement est très positif. Un candidat qui possède les compétences recherchées a de bonnes chances de recevoir une offre d’embauche. »
WoodGreen a également récolté des résultats « fort probants » dans un programme semblable pour le domaine très demandé de la composition d’effets visuels (VFX), qui consiste à intégrer des effets numériques à des séquences d’action réelle afin de créer des effets spéciaux pour les films et les émissions de télévision.
«Tous les participants de l’année dernière ont obtenu un emploi à temps plein ou à la pige en fonction des compétences qu’ils ont acquises dans le cadre du programme », a déclaré Mme Deane.
Si la formation axée sur des compétences s’adapte, il en va de même pour les méthodes d’évaluation des candidats que les principaux employeurs utilisent, a constaté Harvey P. Weingarten, directeur du Michener Institute of Education du University Health Network.
Alors qu’auparavant, les employeurs se tournaient vers des universités et collèges réputés pour se constituer un bassin stable de jeunes talents, nombre d’entre eux préfèrent désormais soumettre les candidats à un « processus d’examen rigoureux des compétences » en interne avant toute embauche.
M. Weingarten a été président et chef de la direction du Conseil ontarien de la qualité de l’enseignement supérieur. Il a également été président et vice-chancelier de l’Université de Calgary. Dans son livre intitulé Nothing Less than Great: Reforming Canada’s Universities, il explique pourquoi il estime que les établissements d’enseignement postsecondaire du Canada doivent moderniser les programmes d’études afin de mettre le développement des compétences sur un pied d’égalité avec la transmission de contenus.
« À l’avenir, l’enseignement supérieur se concentrera de moins en moins sur la transmission de contenus et de l’information, et de plus en plus sur le développement des compétences et la reconnaissance des titres de compétences », affirme-t-il. « Cette approche bénéficiera aux gens dans leurs futures carrières et, bien franchement, dans leur vie personnelle. »
Selon Harvey P. Weingarten, les travailleurs de demain seront probablement confrontés à une volatilité et à une précarité accrues, et l’on s’attend à ce que nombre d’entre eux fassent entre cinq et sept changements de carrière au cours de leur vie professionnelle. Ce nombre devrait être encore plus élevé pour les personnes qui travaillent dans l’économie des petits boulots. De nombreux emplois d’avenir n’existent pas aujourd’hui, ce qui signifie qu’il n’y a encore aucune formation possible. De plus, le domaine d’études ne permet pas de prévoir l’emploi qu’une personne occupera par la suite.
Pour M. Weingarten, tous ces facteurs soulignent l’importance de mettre davantage l’accent sur le développement des compétences, afin de mieux préparer les travailleurs à leurs inévitables changements de carrière.
« Les établissements d’enseignement postsecondaire doivent reconnaître ce changement, adapter leur façon d’enseigner, ce qu’ils enseignent, ce qu’ils valorisent et évaluent », a déclaré M. Weingarten. « Les microcertifications sont fantastiques à cet égard. »
Lors de l’examen des possibilités de microcertifications, il est essentiel de tenir compte du groupe le plus important de tous : les employeurs.
« Les employeurs doivent se montrer favorables aux microcertifications », explique M. Weingarten. « Un document qui attesterait de l’acquisition des compétences qu’ils recherchent aurait une valeur inestimable. »
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