Les contraintes de temps imminentes menacent d’affecter l’équilibre entre le travail et la vie privée de millions de Canadiens dans les années à venir, et la manière dont nous y répondrons sera un facteur clé pour déterminer la qualité générale du travail au Canada, a déclaré l’économiste Armine Yalnizyanan lors d’un récent webinaire intitulé Améliorer la qualité du travail pour tous, organisé par le Centre des Compétences futures et le Conference Board du Canada.
Armine Yalnizyan a déclaré : « Nous sommes tout à fait conscients de ce qui est nécessaire pour rendre un emploi plus attrayant, et le fait de pouvoir contrôler ses heures de travail est l’un des facteurs qui entrent en ligne de compte,lors de l’événement du 28 février. La question ne repose pas uniquement sur les salaires Le temps est lui aussi un élément déterminant ».
Les Canadiens âgés de 65 ans et plus, représentent le segment de notre population dont la croissance est la plus rapide, à tel point que d’ici les dix prochaines années, un quart de la population sera âgée de 65 ans ou plus. Une situation comparable existe dans d’autres pays qui ont également connu un baby-boom d’après-guerre.
Selon Armine Yalnizyan, on trouve derrière ce vaste groupe qui s’approche de la retraite, la plus petite cohorte de personnes en âge de travailler que le Canada ait connue depuis 50 ans.
« C’est la première fois que l’on demande à la population en âge de travaillerd’effectuer un travail rémunéré et non rémunéré pour soutenir cette population vieillissante, sans lui laisser le temps de prendre soin d’elle-même et de la prochaine génération », a déclaré Armine Yalnizyan.
Le quotient de temps va être un levier énorme que les entreprises individuelles, tout comme les politiques publiques vont pouvoir gérer. Nous pourrions créer des réserves de temps où les gens pourraient accumuler du temps de manière à pouvoir s’absenter pour acquérir de nouvelles compétences, se ressourcer au niveau de la santé mentale ou s’occuper de leurs proches malades ou en train de mourir. Notre pays n’a pas connu de réforme majeure de sa politique en matière de temps de travail depuis 1948. Il faut faire bouger les choses maintenant ».
L’un des intervenants,Anton Solomon, directeur du développement du marché du travail pour le ministère du Développement économique du Yukon, a déclaré que le resserrement du marché du travail obligeait les employeurs à évaluer différemment les chercheurs d’emploi. Aussi, les employeurs doivent être disposés à former des travailleurs enthousiastes qui n’ont peut-être pas toutes les compétences ou l’éducation requises, et parfois même aucune.
« Nous devons amener les employeurs à réfléchir à ce qu’ils peuvent faire pour former leurs employés », a déclaré Solomon. « Il faut commencer à y penser dès maintenant, car de nos jours, on ne trouve plus beaucoup de gens qui se présentent avec des titres de compétences. Les chercheurs d’emploi ont soit les qualifications requises et ne veulent pas travailler pour vous, soit ils n’ont pas les qualifications requises, mais personne d’autre n’est prêt à travailler pour vous ».
Sachant que la demande de travailleurs va continuer à dépasser l’offre pendant un certain temps, Solomon s’est inspiré du langage informatique pour proposer l’idée que les employeurs établissent des « exigences minimales en matière de système » pour un poste à pourvoir, plutôt que d’exiger des titres de compétences traditionnels.
« Nous devons abandonner l’idée qu’il faut avoir tel profil pour effectuer tel travail »,a déclaré Solomon.« La discussion doit porter sur ce que je peux vous apporter et sur ce que nous serons capables de faire ensemble ». À l’heure actuelle, l’employé dit « Je veux faire ça ». Les employeurs qui survivront seront ceux qui diront « Très bien, je peux vous aider à atteindre cet objectif ».