Au printemps dernier, Leena Yousefi a convoqué une réunion surprise de tout le personnel de son cabinet d’avocats de Vancouver pour annoncer le passage immédiat à la semaine de quatre jours.
« Nous étions alors très occupés. Tout le monde était submergé, et Leena a pensé que ce serait une bonne façon de concilier le travail et la famille », a indiqué William DeWolf, avocat du cabinet de droit familial YLaw.
Il se souvient que ses collègues et lui-même étaient enthousiastes à l’idée de pouvoir profiter d’un jour de congé supplémentaire chaque semaine.
Un an plus tard, tous les employés du cabinet – associés et assistants juridiques – font encore des semaines de quatre jours à raison de neuf heures par jour, plutôt que cinq jours de huit heures.
M. DeWolf mentionne que les employés travailleront une semaine de cinq jours pendant les périodes de pointe, mais qu’en général, la productivité est accrue et que les objectifs financiers sont atteints, voire dépassés, avec les semaines de travail du courtes.
Le plus important est que les employés sont plus à même de gérer leur vie personnelle.
Selon M. DeWolf, il est courant que les avocats d’autres cabinets fassent des semaines de 60 à 80 heures.
De son côté, il profite de ses jours de congé supplémentaires pour skier avec son fils, prendre ses rendez-vous chez le coiffeur ou le médecin, ou aller chez Costco afin d’éviter la cohue de la fin de semaine.
« La semaine dernière, j’ai profité du beau temps pour faire une longue promenade avec mon chien. »
Michael Halinski, professeur adjoint en comportement organisationnel et gestion des ressources humaines à l’Université Ryerson, souligne que des études ont montré que la productivité demeure la même au sein des entreprises ayant adopté la semaine de travail écourtée, mais que le moral et le bien-être des employés sont meilleurs.
« En améliorant leur bien-être, on a plus de chances de conserver des employés enclins à s’investir dans leur travail, ce qui réduit le risque de roulement de personnel et n’a pas d’incidence négative sur le rendement. On en sort tous gagnants. »
De plus en plus d’entreprises au pays se tournent vers la semaine de quatre jours pour conserver et recruter du personnel dans le contexte actuel de pénurie de main-d’œuvre.
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« En fait, la COVID-19 nous a obligés à revoir nos priorités, a souligné le professeur Halinski. Est-ce de faire de l’argent ou de passer du temps en famille qui nous rend plus heureux? »
Selon Alexandra Samuel, la capacité d’un employeur à proposer une semaine de travail écourtée ou comprimée a une incidence colossale sur un marché du travail concurrentiel.
« Rien ne fait de la semaine de 40 heures la semaine de travail parfaite », indique l’auteure sur le travail à distance et le format numérique.
« La réalité est tellement différente aujourd’hui qu’il n’est plus pertinent de mesurer le travail en heures. Aussi, il est très avantageux d’avoir des employés frais et dispos. »
KPMG Canada, un cabinet international en comptabilité, donnant à ses 10 000 employés la possibilité d’avoir de longs week-ends tout l’été.
« Il est apparu clairement que les employés aiment avoir du temps libre », explique Emily Brine, directrice générale, Gestion du cabinet, Talent et culture chez KPMG au Canada.
« Nous leur offrons plus de temps libre à passer avec les gens et à faire les choses qui comptent le plus pour eux. »