Il ne fait aucun doute que les conséquences économiques de la pandémie de COVID-19 ont touché de façon disproportionnée les moins bien nantis de notre société. Qu’il s’agisse de travailleurs à faible revenu, de familles monoparentales, de nouveaux arrivants ou de Canadiens racialisés, ceux-ci portent le plus gros du fardeau imposé par ces bouleversements, allant de la perte d’emploi à la fermeture des magasins en passant par la peur d’être expulsé de leur logement et une incapacité générale de travailler de la maison.
Il y a toutefois un élément de la pandémie qui transcende facilement les disparités en matière de classe sociale et de revenu, et qui frappe tous ceux qu’elle touche avec la même force : l’accès aux services de garde.
Dans les régions du Canada où les niveaux d’infection de COVID-19 ont forcé les écoles et les garderies à fermer leurs portes pendant un certain temps, les parents et gardiens de jeunes enfants se sont retrouvés à jouer le double rôle d’employé et d’aide-enseignant, prenant des heures de leur journée de travail pour aider leurs enfants à suivre des cours en ligne, à participer à des séances par vidéoconférence et à faire des devoirs à la maison.
Inutile de préciser que ce travail non rémunéré a dû être intégré à la charge de travail préexistante, ce qui a forcé bien des parents à jongler avec des tâches de supervision des enfants pendant la journée et à rattraper les heures de travail perdues une fois les enfants couchés.
Un sondage récent de Statistique Canada révèle que le fardeau de l’école à la maison et de l’aide aux devoirs repose principalement sur les mères, ce qui ajoute une pression supplémentaire au taux d’activité des femmes sur le marché du travail. Un nouveau rapport de recherche du
Avant la pandémie, la garde d’enfants était une question à laquelle il était possible de remédier avec de l’argent : les parents bien nantis pouvaient dépenser les sommes nécessaires pour obtenir des services de garde d’enfants en dehors des heures d’école, ce qui leur permettait d’occuper des emplois à temps plein.
Toutefois, la pandémie a complètement bouleversé notre univers, car, à présent, tout l’argent du monde ne suffit pas à remédier aux difficultés posées par les ordres de rester à la maison et la transition à l’apprentissage en ligne Dans bien des cas, les grands-parents ou autres membres de la famille, généralement âgés, ont dû mettre fin à leur implication auprès des enfants en raison de risques de santé liés à la COVID-19. Si les enfants sont trop vieux pour la prématernelle, mais trop jeunes pour apprendre de façon autonome,les parents sont forcés de s’impliquer beaucoup plus activement qu’avant, ce qui a des conséquences sur la productivité et le taux d’activité sur le marché du travail.
Ainsi, une question qui, jusqu’à tout récemment, touchait de façon disproportionnée les familles à faible revenu, a maintenant un impact incontestable sur toutes les couches de la société. De même, une question longtemps négligée est devenue une préoccupation de premier plan pour les parents de tous les milieux économiques et leurs employeurs.
L’importance des services de garde d’enfants en tant que moteur économique est parfaitement comprise par tous, et l’impact de leur absence est ressenti par un grand nombre de personnes plutôt que par seulement quelques malheureux. Le moment est venu d’examiner les politiques et de faire les investissements nécessaires pour améliorer les systèmes de prestation, afin que l’économie de l’après-COVID soit une économie où les services de garde d’enfants sont accessibles à tous ceux qui en ont besoin.
À l’heure actuelle, les Canadiens vivant dans différentes régions composent avec différents niveaux d’accès aux garderies et dépensent des sommes complètement inégales pour ces services. L’Ontario finance publiquement la prématernelle pour les enfants à partir de l’année de leur quatrième anniversaire, tandis que le Québec offre des services de garde subventionnés pour tous les enfants de moins de cinq ans. Dans les autres provinces et territoires, les services de garde sont généralement considérés comme une responsabilité privée.
Dans de telles circonstances, les parents sont confrontés à des coûts qui varient grandement d’une région à l’autre. Selon une étude du Centre canadien de politiques alternatives, le coût mensuel médian des services de garde d’un tout-petit va de
Bien que la création et le financement d’un tel projet coûtera irréfutablement de l’argent aux contribuables,
L’impact de l’ajout de centaines de milliers de travailleurs à la population active s’étend bien au-delà des personnes directement concernées, et vient améliorer les perspectives économiques des personnes sans enfant autant que celles des parents.
L’opinion que l’accès aux services de garde est une question qui touche tous les Canadiens est aussi partagée par le Conseil canadien des affaires. Dans une récente lettre prébudgétaire adressée à la vice-première ministre et ministre des Finances du Canada, Chrystia Freeland, le Conseil a formulé six recommandations, notamment la revendication de l’amélioration de l’accès et de la fiabilité des services de garde pour aider plus de femmes à réintégrer la population active.
Pour nous remettre équitablement du fléau de la COVID-19, il nous faudra élaborer de nombreux plans et programmes politiques différents. Comme le savent désormais des masses de parents épuisés et improductifs (et leurs employeurs), les services de garde d’enfants doivent assurément en faire partie.
La pandémie a mis au jour l’importance de services de garde abordables pour tous. Dans ce contexte, il est essentiel que nous saisissions cette occasion et que nous tirions parti de l’attention que génère la situation actuelle en nous efforçant de trouver des solutions durables et équitables à un problème négligé depuis beaucoup trop longtemps.