Lorsque Rakesh Naidu a conçu et lancé l’appli d’embauche AyeWork au début de 2020, il voulait aider les étudiants internationaux aux prises avec des difficultés financières à trouver des emplois à la demande qui s’intègreraient bien dans leur horaire de cours irrégulier.
Il n’avait toutefois pas prévu de créer une plateforme où les chercheurs d’emploi de toutes sortes pourraient trouver des possibilités d’emploi allant des contrats spontanés aux postes à temps plein avec un salaire dans les six chiffres.
M. Naidu est président et directeur général de la Chambre de commerce régionale de Windsor-Essex. Né en Inde, il est déménagé au Canada il y a près de 20 ans pour un emploi dans l’industrie automobile. Il a vécu à Toronto avant de s’installer dans le Sud-Ouest de l’Ontario.
Actif dans la communauté en raison de son travail avec la chambre de commerce, M. Naidu a commencé à recevoir de plus en plus de demandes d’étudiants internationaux. Leur point commun? Ils avaient du mal à joindre les deux bouts et n’arrivaient pas à trouver de travail à temps partiel. Jour après jour, plus d’une dizaine de personnes communiquaient avec lui sur les réseaux sociaux ou par messagerie texte pour lui demander s’il pouvait les aider d’une façon quelconque.
Puisqu’il travaillait avec les employeurs locaux, M. Naidu savait qu’un grand nombre de ces derniers, surtout les PME, étaient souvent incapables de trouver les employés dont ils avaient besoin pour pourvoir des postes vacants et développer leur entreprise.
Pour combler cet écart, M. Naidu a créé une feuille de calcul conçue pour faire le pont entre les étudiants à la recherche d’un emploi et les employeurs enthousiastes, mais ce format est vite devenu difficile à gérer. Sa solution fut de créer AyeWork, une appli gratuite qui relie en temps réel des employeurs et des chercheurs d’emploi dont les compétences et l’horaire correspondent aux exigences de différents postes annoncés.
« Cette plateforme mise sur la disponibilité en temps réel d’un chercheur d’emploi, ainsi que ses compétences, son expérience, sa formation, sa volonté de se déplacer et d’autres facteurs, puis fait correspondre cette information avec les besoins dynamiques des employeurs », explique M. Naidu. « Si un restaurateur dit “J’ai besoin de cinq personnes pour cet événement, ils doivent avoir leur certification Smart Serve, et j’ai besoin d’eux entre 15 h et 18 h”, l’appli prend tout cela en considération et trouve tous les chercheurs d’emploi qui correspondent à ces critères. »
« Aucune autre plateforme n’est comparable. La majorité des autres plateformes sont fondées sur un mécanisme d’embauche plus traditionnel, où il faut publier une offre d’emploi, demander aux gens de postuler, évaluer les candidatures, faire une liste de candidats potentiels, appeler ces derniers pour une entrevue, etc. Nous avons vraisemblablement créé la seule plateforme qui aide les employeurs et les chercheurs d’emploi à établir un lien en temps réel. Nous l’appelons la plateforme de recrutement ponctuel à la demande. Elle répond vraiment à cet objectif. »
AyeWork a été lancé le 17 janvier 2020. Dans les six premières semaines, 1 200 chercheurs d’emploi se sont inscrits, soit quatre fois la quantité à laquelle s’attendait M. Naidu. Près d’un an plus tard, plus de 100 employeurs utilisent la plateforme.
L’un des exemples de succès d’AyeWork concerne Rohit Shelar, qui a passé six mois à chercher un emploi à temps partiel après être arrivé de l’Inde pour étudier l’analyse des données au St. Clair College de Windsor. Découragé par ses recherches infructueuses, Rohit a créé un profil sur AyeWork après avoir entendu parler de la plateforme lors d’une présentation sur le campus. Il a vite obtenu un emploi à temps partiel en tant que technicien informatique dans une entreprise de la région nommée Computron.
Lorsqu’il a obtenu son diplôme dans les débuts de la pandémie, il n’était pas sécuritaire de se rendre chez des employeurs pour déposer son CV. Il a donc plutôt actualisé ses compétences sur AyeWork afin de refléter ce qu’il avait appris au St. Clair College. Vu qu’il n’avait plus à se présenter à des cours, il a aussi changé son horaire afin de le faire correspondre à ses nouvelles disponibilités. Rohit s’était confortablement établi à Windsor et désirait demeurer dans la région, donc il a ajusté son profil pour indiquer qu’il était à la recherche de possibilités d’emploi locales uniquement.
Environ deux mois après qu’il ait obtenu son diplôme, un employeur a communiqué avec Rohit pour lui faire une offre dans son domaine.
« J’ai reçu un appel de YQG Technologies, raconte-t-il. J’ai passé une entrevue virtuelle, sans avoir besoin de me rendre sur place, et ils m’ont embauché. C’était il y a environ six mois. »
M. Naidu travaille présentement sur plusieurs mises à jour et améliorations à l’appli AyeWork, notamment une fonctionnalité pour protéger les travailleurs et les employeurs en vérifiant les identités à l’aide d’une pièce d’identité émise par le gouvernement, et une fonctionnalité qui permettrait aux employeurs et aux chercheurs d’emploi d’utiliser la plateforme pour de courtes entrevues par vidéo.
Il aimerait aussi intégrer des modules de formation pour que les chercheurs d’emploi puissent démontrer leurs habiletés, apprendre de nouvelles compétences ou effectuer des cours propres à l’entreprise avant de commencer un nouvel emploi.
AyeWork a surmonté les obstacles à la croissance occasionnés par la pandémie en formant des partenariats d’un bout à l’autre de l’Ontario avec des employeurs, des associations industrielles, des établissements d’enseignement, des commissions scolaires et des organismes de bénévolat. Pour illustrer la croissance rapide de son projet phare, M. Naidu mentionne une offre d’emploi récemment affichée par Windsor Port Authority pour un poste à temps plein avec un salaire dans les six chiffres.
« La réalité est que l’outil ne s’adresse pas uniquement aux étudiants, mais c’est d’eux que l’inspiration est venue, explique M. Naidu. Nous mettons la plateforme à la disposition de tout le monde pour du travail à temps partiel, du travail à temps plein et du travail à la demande. Nous nous sommes vite rendu compte que l’outil est utile pour tous. »
Le succès dont jouit AyeWork à date n’a pas changé la vision de M. Naidu de son application, soit celle d’une entreprise sociale qui s’engage à demeurer gratuite pour les chercheurs d’emploi.
« Ce que je souhaite réellement faire est de rendre l’appli le plus facilement accessible possible pour les jeunes qui connaissent des difficultés, explique M. Naidu. Je veux rendre leur transition entre les études et le monde du travail moins coûteuse et plus rapide, tout en leur donnant de l’expérience de travail. C’est ça que j’essaie d’accomplir. »